Après dix ans de carrière, le trio Écossais revient avec un quatrième album très attendu et l'envie d'en découdre avec les travers du web et les stéréotypes d'une époque malade de ses écrans.
CHVRCHES c'est 2 gars 1 fille. Iain Cook et Martin Doherty commencent à travailler avec Lauren Mayberry en 2011. De démos en répétitions dans un sous-sol de Glasgow, le trio décroche ses premiers concerts sur la scène britannique. Le bouche à oreille fait le reste. Electropop ou Synthpop, peu importe l'étiquette. CHVRCHES sort du lot rapidement grâce à des compositions énergiques et mélancoliques, entre guitares et synthétiseurs.
Tout va très vite. En 2013, le groupe sort son premier album The bones of what you believe. La même année, il fait sa première apparition a la TV américaine dans le Late Night de Jimmy Fallon. Et surtout le trio ouvre pour quelques concerts de DEPECHE MODE, une des influences majeures du groupe. Un honneur qui va finir de braquer les projecteurs sur CHVRCHES.
Iain Cook, Lauren Mayberry et Martin Doherty forment CHRCHES depuis 2011.
Les deux albums suivants, Every open eye (2015) et Love is dead (2018) confortent la place du groupe dans le paysage musical Anglosaxon. Toutes les influences du groupe, de Prince à Cocteau Twins en passant par Robyn, sont crânement revendiquées. Même si les disques sont parfois inégaux, CHVRCHES défend ses compositions sur scène avec talent. Ce qui lui vaut de passer en quelques années du statut de révélation locale à celui de valeur sûre. C'est donc un euphémisme de dire que Lauren Mayberry et les siens ressentent une certaine pression quand ils annoncent au printemps dernier un nouvel album.
Screen Violence, paru le 27 Août dernier, était donc très attendu par les fans du groupe. Et ces derniers ne doivent pas être déçus. Dès les premières minutes, le disque vous attrape par le col. Le titre d'ouverture Asking for a friend donne le ton pour le reste de l'album. Un opus qui est sans aucun doute le plus solide du trio, le plus sombre aussi. L'ajout du batteur Jonny Scott (sur scène comme en studio) donne de l'assurance aux autres membres et une couleur plus rock à l'ensemble. Les titres California ou Final Girl sont des tubes en puissance. Des chansons pop simplement brillantes que vous aurez envie d'écouter en boucle. Encore et encore.
How not to drown en duo avec Robert Smith de THE CURE.
Sous des airs parfois légers, Screen Violence dénonce en fait la violence souvent impunie du Web et notamment des réseaux sociaux. Un fléau auquel est confronté le groupe et notamment sa chanteuse. Lauren Mayberry n'échappe pas aux remarques sexistes de certains arriérés de la toile. Sa réponse, en plein dans le mille, est dans He said She said. Et surtout dans Violent Delights, qui est peut-être la meilleure chanson de CHVRCHES à ce jour. L'heure est grave donc, comme dans le so(m)bre Better if you don't. La voix de Mayberry est définitivement plus mature. La rencontre aussi improbable que réussie entre Elizabeth Fraser et Taylor Swift.
L'avenir dira si Screen Violence marque un tournant dans la carrière du groupe. Mais les Écossais viennent quoi qu'il arrive de sortir un des meilleurs albums de 2021. Entre mélodies brillantes (comme seuls les Grands Bretons savent faire) et arrangements précieux, Screen Violence est une merveille pop. Du bonbon pour les oreilles. Consécration suprême pour le groupe, Robert Smith des CURE a posé sa voix, comme une main sur l'épaule, sur le titre How not to drown. Un adoubement en règle. Un héritage que CHVRCHES semble prêt à porter pour de nombreuses années.
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