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  • Photo du rédacteurBenjamin Bertrand

Gary Clark Jr - JPEG RAW (2024)

Un album qui nécessite presque trois ans d'enregistrement est forcément attendu au tournant. Et encore plus quand il s'agit d'un artiste aussi doué que Gary Clark Jr.



Après un This Land très engagé, Gary Clark Jr revient avec JPEG RAW, un album plus introspectif où le Texan continue de jongler minutieusement avec le blues, la soul, le rock, le hip-hop et le funk. Une diversité qui lui a permis de ne pas se répéter tout au long d'une discographie entamée il y a maintenant douze ans.


Dès Blak and Blu, le musicien faisait déjà preuve de maîtrise, quitte, parfois, à frôler l'exercice de style. Mais Clark Jr est un bonhomme intelligent et sa musique a gagné en qualité au fil des albums et des concerts. Une marge de progression, en tant que compositeur, qui s'est appuyée sur de solides bases d'instrumentiste et qui a atteint une sorte de sommet avec This Land, en 2019. Ce troisième effort dénonçait les travers de l'Amérique trumpiste et ses dérives identitaires. Les victimes de bavures policières ou encore l'insurrection au Capitole ont contribué à entretenir le feu d'une certaine colère.


Clark s'est nourri de ces faits divers pour approfondir sa réflexion et proposer ce qui allait, sur certains points, ressembler à une suite logique de This Land. Pour ce quatrième album studio, il voulait frapper fort, marquer les esprits. C'est chose faite dès le titre de ce nouveau chapitre : JPEG RAW. Deux mots qui parleront aux amateurs de photo, le premier désignant un format compressé, le second sa version brute. Mais ici, JPEG RAW doit se lire comme un sigle pour ''Jealousy, Pride, Ego, Greed, Rules, Alter Ego, Worlds''. Jalousie, Fierté, Ego, Avidité, Règles, l'Autre moi, Mondes. Album concept, vous avez dit ?



JPEG RAW apparaît ainsi comme un disque que l'on peut décliner en trois parties. L'entame est bluesy. À grand renfort de guitares fuzz, Maktub porte la ligne directrice de l'album :  « Nous devons avancer dans la même direction. C'est l'heure d'une nouvelle révolution. »  L'atmosphère est urbaine. JPEG RAW (le morceau) lorgne vers le hip-hop et sample discrètement le Hackensack de Thelonious Monk et Maria de Michael Jackson pendant que Don't Start renoue avec l'esprit garage de l'ouverture et évoque, à certains moments, l'univers des Black Keys.


Cette première partie, volontiers rentre-dedans s'achève sur le sculptural This Is Who We Are et son intro épique qui, pendant un peu plus d'une minute nous emmène vers le rock symphonique avant de revenir à ce blues 2.0. Millimétré comme une marche protestataire, le morceau constitue l'un des temps forts de l'album.



Après le blues, place au smooth jazz et à la soul. Le deuxième temps de JPEG RAW est l'occasion de convier du beau monde : le trompettiste Keyon Harrold sur Alone Together et surtout Stevie Wonder qui cosigne un What About the Children, terriblement efficace. Hearts In Retrograde renoue avec les climats blues et Hyperwave referme le mouvement sur une note musicalement plus épurée.


La couleur de l'album se fait ensuite plus funky avec Funk Witch U. Et pour cause, Clark Jr y convie l'un des maîtres en la matière : George Clinton. Véritable coulée de groove dans la tuyauterie, le morceau ouvre la partie la plus aventureuse de l'opus. Une complexité incarnée par Habits, brillante pièce épique à tiroirs de neuf minutes qui clôt le disque et justifie à elle seule son écoute. Gary Clark Jr y jauge les bons choix qu'un homme est constamment amené à faire et les mauvais qu'il se doit d'éviter. L'histoire de nos vies à nous pauvres Terriens. Mais brillamment mise en musique et en mots par un Clark Jr inspiré, à défaut d'être totalement apaisé.


Reste à savoir ce qu'il en sera si les élections de novembre favorisent le retour aux manettes d'un certain DT. Les quelques secondes de guitare acoustique en toute fin de JPEG RAW, sonnant comme des points de suspension, nous laissent penser que Clark Jr reste sur ses gardes.


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