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  • Photo du rédacteurBenjamin Bertrand

De Radiohead à Tété - 16 et 19/20 juillet 2018 - Montréal

Un grand écart en tout point. Du rock progressif au blues intimiste, des stroboscopes aux lumières tamisées, tout sépare ces deux concerts. Et pourtant...



Et pourtant, il y a un dénominateur commun. Un énorme même, puisque ce sont les deux artistes que j'ai eu la chance de voir le plus souvent en concert. Pour Radiohead, cette prestation Québécoise sera la cinquième. Quand à Tété, on approche doucement de la dizaine. On y est peut-être déjà avec quatre concerts en un an à peine. Le compteur tourne, messieurs dames.


On dit que la première fois laisse rarement un souvenir impérissable. Et pourtant ma première rencontre scénique avec Thom Yorke et sa bande, en 1997, figure sans hésiter sur le podium de mes concerts préférés. Au moment de prendre d'assaut la scène des Eurockéennes (en fin d'après-midi, ce qui n'arrivera donc plus jamais), Radiohead vient tout juste de sortir son troisième opus, le désormais classique OK COMPUTER. Le groupe va livrer un set d'anthologie et poser les jalons d'une carrière sans compromis. Déjà lancé deux ans auparavant avec l'impeccable THE BENDS, le vaisseau interstellaire est désormais sur orbite.


Radiohead aux Eurockéennes de Belfort en 1997.


Depuis, force est de constater que j'ai toujours préféré leur prestations en plein air (dans des festivals) à celles en salle. Je garde un souvenir mitigé de leur passage Strasbourgeois au Zenith il y a quelques années, avec beaucoup d'expérimentation sonore et assez peu de place pour les guitares. Leur penchant pour l'electro ? A petite dose oui. Pendant deux heures non. Je suis un fan de la première heure, je n'aime pas particulièrement "Creep" (croyez-le ou pas mais le groupe a produit des brouettes de chansons bien meilleures) et je préfère quand Jonny Greenwood s'agite derrière sa Telecaster plutôt que derrière ses samplers. Mais nevermind et vavavoum.


Radiohead est en ville pour deux soirées et cette fois, ils jouent TOUS mes morceaux préférés. "There there", "Fake plastic trees", "Street spirit".... Ce mardi soir, le groupe a décidé de reprendre le bâton de pèlerin et de jouer bon nombre des morceaux pré - KID A. Un seul problème.... J'y étais le lundi soir.... Alors certes, la playlist n'est pas si décevante. Tous les albums du groupe contiennent de grands titres, taillés pour le live. Radiohead joue notamment "Weird fishes", "Idiotheque", "All I need" et aussi plusieurs morceaux de OK COMPUTER. Mais même le génial "Let down" en second rappel ne fera pas totalement passer la pilule.


Radiohead au Centre Bell de Montréal lundi 16 juillet 2018.


Mais au-delà du choix des chansons (d'accord, on n'est pas au karaoké...) et d'un certain manque d'interaction avec le public (qui a eu l'idée de finir chaque chanson avec un fondu lumière ?...), la déception du soir reste le son du Centre Bell qui n'est, une fois de plus, pas à la hauteur. Radiohead joue avec beaucoup de basses et de percussions. Même si tu as un ingénieur du son niveau "Ligue des Champions", avec une acoustique digne de "Division d'honneur", tu ne feras pas de miracle. D'où ma seconde question : le Centre Bell est-il fait pour les concerts?


Si on reste quelque peu sur sa faim quant à l'ambiance générale du concert, Radiohead sait aussi offrir quelques moments d'apesanteur. Beaucoup de titres du dernier album A MOON SHAPED POOL auraient eu leur place sur OKC voir même THE BENDS. C'est vraiment un magnifique album, une entrée en matière pour ceux qui veulent découvrir le groupe autrement que par "Creep" ou "Karma police". "Daydreaming", "Full stop" ou "The numbers" fonctionnent clairement sur scène. Et quand Yorke entonne "True love waits", croyez-moi : vous embarquez.



Radiohead, sur disque ou en concert, ne laisse jamais indifférent. Et c'est déjà beaucoup. Ça reste une expérience unique. Il n'y a qu'un seul Radiohead. Thom Yorke est un lutin farceur et Jonny Greenwood une tête chercheuse de génie. Ce concert Montréalais ne restera pas dans mes meilleurs souvenirs mais ça fait quand même du bien de les voir. Comme à chaque fois finalement.


S'il en est un qui ne déçoit JAMAIS, c'est Tété. Avec lui, la marchandise est livrée et c'est toujours lumineux, tendre et folk.


Tété au Théâtre Fairmount de Montréal le jeudi 19 juillet 2018.


Après la déception acoustique du Centre Bell, la bonne surprise de cette chaude soirée de jeudi, c'est ce théâtre Fairmount, au cœur du Mile End. Un bar accueillant, une ambiance simple et climatisée (amen) et un son aux petits oignons. La première partie, Kayiri, est une belle découverte, parfaitement dans l'esprit de la soirée. Leurs voix, toute en harmonie, laisse présager d'un beau rendez-vous avec Tété. Et c'est le cas.


Entre Montréal et lui, c'est une histoire d'amour dans tous les sens du terme. Son premier passage en terre Canadienne lui inspirera plusieurs titres dont le célèbre "A la faveur de l'automne" et bien sûr "Montréal". Il aime cette ville et elle le lui rend bien. La salle est bondée. L'ambiance est de suite détendue. Tété aime (beaucoup) parler entre ses titres, plaisanter, échanger. Les gens sont heureux de le revoir, un peu comme on revoit un bon pote. A la différence que tous nos potes ne jouent pas de la guitare et chantent comme lui.



Sa discographie étoffée lui permet d'offrir des concerts riches, sans temps-mort. En solo (comme ce soir) ou avec un groupe, Tété est définitivement le VRP idéal pour vous donner le goût d'aller voir des concerts. Une pub géante pour supporter les artistes en chair et en guitare. Et sa dernière livraison LES CHRONIQUES DE PIERROT LUNAIRE ne déroge pas à la règle. Des mélodies entêtantes, des cordes blues et un univers folk classieux, au service de textes qui résonnent dans beaucoup de moments de ma vie, et qui-sait des vôtres peut-être aussi.


"La réalité", "Chanteur sous vide" et "Persona non grata" récoltent les honneurs. Mention spéciale évidemment aussi pour les titres plus anciens comme "Le magicien" ou "Le meilleur des mondes". Cette dernière, sur le thème de l'eldorado et de la migration, est en même temps un manifeste et une lettre d'amour. Rares sont les artistes francophones qui réussissent à me cueillir à ce point. Tété, avec "sa guit-guit et ses chansons", y parvient et de belle manière.


"N'être que soi" extrait du dernier album de Tété "Les chroniques de Pierrot Lunaire"


Peu de chansons ont autant d'écho en moi que son "N’être que soi". C'est la force de la musique, et de celle de Tété tout particulièrement. Un matin, un(e) inconnu(e) se lève, écrit une chanson sur une idée, une suite d'accord, un rêve.... Et plus tard, plus loin, ailleurs ou dans la même pièce, cette chanson va venir te taper au fond du crâne pour te dire "Eh mais attends c'est toi, c'est nous, c'est elle, cette chanson...."


Comme à chaque fois depuis 2001, je ressors du concert de Tété avec le sourire. Et l'envie d'aller gratter sitôt rentré à la maison. On recroisera son chemin le lendemain pour un concert gratuit, toujours dans le cadre du festival "Nuits d'Afrique". Toujours le même sourire, toujours la même envie de dire merci. On le quitte avec la certitude que nos chemins se croiseront encore, ici ou ailleurs.




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