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  • Photo du rédacteurBenjamin Bertrand

Depeche Mode - Violator (1990)

Pourtant, les années 90 avaient bien démarré... Qu'est-ce qui a foiré après ça?



Au moment de pondre la seconde chronique, il y a eu match. Débat houleux avec moi-même. Puis tranchage. Car après GRACE de Jeff Buckley, je ne pouvais décemment pas écrire sur IN UTERO de Nirvana. Pourquoi ?! Pas plus d’un chanteur mort par mois, c’est une règle que je me suis fixé.

Ceci dit, avec Dave Gahan, on n’est pas passé loin non plus.


Avant Jeff Buckley, avant Nirvana, dans ma discothèque il y a d’abord eu Depeche Mode. Et Etienne Daho. Si si. Mais cet épineux dossier fera l’objet d’un autre article. Depeche Mode donc. VIOLATOR. Cette rose rouge sur fond noir en guise d'écrin. Et ce son qui nous suit tout au long de l’album. Le mélange parfait entre claviers hérités des années 80 et guitares blues. Une ambiance de bande originale de film, road-movie ou thriller c’est selon. Et une voix. La voix grave et puissante de Dave Gahan, figure de proue de DM. Tête de gondole. Leader assumé. Quinqua et toujours virevoltant sur scène qui peut tenir deux heures de concert sans tousser. Une icône. Mon idole quand j'écoutais en boucle (et en cassette) le LIVE 101 dans ma chambre d'ado lunatique.


Mais Depeche Mode c’est aussi (surtout ?) Martin Gore. Le petit blondinet aux goûts vestimentaires parfois douteux. Sauf si on aime les shorts si petits qu’on dirait des slips. Lors de leur dernier passage au Zenith de Strasbourg, au moment où Gore prend le micro à Gahan pour interpréter une chanson en solo comme il est de coutume, une dame derrière moi glisse à sa voisine : « Dis donc il chante pas mal le guitariste ». OK…. Bon accessoirement, c’est le compositeur de 99% des chansons du groupe, l’artisan mélodiste de l’ombre. Et le chauffeur du bus DM qui donne un coup de volant à la toute fin des années 80 pour prendre le virage du blues donc, voir même du gospel.


Oui oui. Le blues et le gospel, ce qui se confirmera dans l’album suivant avec par exemple « Condemnation ». Mais au moment de sortir VIOLATOR, le groupe n’imagine sans doute pas l’influence que l’album aura bien plus tard sur des courants comme le rock ou l’électro. Si aujourd’hui les passerelles entre ces différents genres sont connues, en 1990 c’est loin d’être gagné.


Au moment d'entrer en studio, Depeche Mode est déjà un groupe mondialement reconnu, qui remplit des stades et qui ne compte plus les récompenses avec ses albums précédents. Mais ce qu'il s’apprête à commettre va le faire basculer dans une autre dimension. Non sans heurts et sans maux de tête. VIOLATOR va s'avérer être un strike. Un renversement de table. Un coup de balai sur les années 80.


Alors que la mélodie est toujours au centre des compositions, la production est vraiment inédite pour l’époque. Le groupe sort d’une tournée gargantuesque aux Etats-Unis (le fameux LIVE 101 donc, IN-DIS-PEN-SABLE pour se rendre compte du nombre de tubes sortis jusque-là et mieux saisir l’obsession mélodique du groupe). Martin Gore et ses comparses (Andrew Fletcher et Alan Wilder finissent de composer le quatuor, qui tire son nom d’un magazine français) en ont profité pour bouffer leur ration de blues et incorporer des riffs de Gibson aux nappes de synthés.


Résultat : des titres brillants comme « Enjoy the silence », « Policy of truth » ou « World in my eyes », lustrés à la peau de chamois par leur producteur Flood. A coté de ces évidents singles, se dressent aussi des titres moins connus mais aussi efficaces comme "Halo" ou "Waiting for the night". En fait, Depeche Mode est tellement inspiré qu'il enregistre des brouettes de titres qui finiront en faces B ou en titres bonus. Mention spéciale à "Sea of sin" et le dansant "Happiest girl" qui auraient largement mérité leur place sur VIOLATOR.


"Enjoy the silence" pendant le Devotional Tour en 1993.


Ce qui captive aussi avec VIOLATOR, ce sont toutes ces transitions entre les morceaux. Des boucles plus ou moins longues qui prolongent l’effet du morceau qu’on vient de quitter pour nous faire entrer dans la pièce suivante. Les titres s’enchaînent ainsi avec une fluidité incroyable. Comme si le groupe déroulait la pellicule d'un film dont eux seuls connaissaient la fin. Jusqu'aux derniers plans de "Blue dress" et "Clean", qui concluent magistralement l'édition originale de l'album.


Mais le morceau le plus emblématique de ce tournant pour le groupe, c’est évidemment « Personal Jesus » et son clip en mode western réalisé par le maître Anton Corbijn. Son œuvre fera certainement l’objet d’une chronique de votre serviteur, vu le pedigree du Monsieur. Aujourd’hui, ce titre est un tube mondial. Mais à sa sortie (plusieurs mois avant la parution de VIOLATOR) c’est une véritable claque. On reconnait la patte du groupe mais on se demande aussi où il veut nous emmener. Le titre devient rapidement addictif. La rythmique, les guitares et ce « Reach out and touch faith » lancé à la figure par Dave Gahan ne vous quittent plus.


"Personal Jesus" live à Barcelone en 2009.


On a ici la confirmation que cet album est un tournant pour Gahan et sa bande. Plus dépouillé ou moins synthétique peut-être. Chaque titre est si bien ficelé qu’on a toujours le sentiment que rien n’est superflu. Tout est à sa juste place. Des voix aux cordes, de la basse aux claviers. Il y a un avant et un après VIOLATOR. Chef d’œuvre, vous avez dit chef d’œuvre ?


Au début des années 90, le groupe atteint les sommets des ventes de disques, enchaîne les concerts, les couchettes mal odorantes dans les bus de tournée et manque d’imploser avec l’album suivant, le non moins sublime « Songs of faith and devotion ». En somme, le parcours classique du groupe devenu culte.



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