A l'occasion de vacances en famille, j'ai eu la chance de faire le tour des disquaires de la belle cité balnéaire Anglaise. La pêche y a été excellente, thank you.
En arrivant à Brighton, je n'avais véritablement qu'un seul disque en ligne de mire. Pourquoi ? La galette en question n'est sortie qu'en petit nombre et uniquement au Royaume-Uni. Je pouvais toujours la trouver sur les sites de revente mais pourquoi payer plus cher quand on peut la dénicher à la source ? Ce disque, si vous lisez mon blog, vous le connaissez car j'en ai fait une chronique, C'est For all our days that tear the heart de Jessie Buckley (toujours aucun lien) et Bernard Butler, sorti en 2022. Avec ma liste des disquaires sous le bras, j'ai une petite chance de tomber sur un exemplaire neuf ou usagé.
La première boutique visitée est RESIDENT. L'endroit est spécialisé en musique indépendante avec un vaste choix dans tous les genres musicaux. De la place entre les rayons, des bacs accessibles, un exemplaire de Grace de qui vous savez trônant fièrement en tète de la section B. Je sens que je vais me plaire ici. Et donc je commence à fouiller dans la lettre B. Pour Jeff (parce qu'on ne sait jamais) mais aussi pour Jessie. Ou Bernard. Au bout de la ligne, juste avant les C, mon regard s'arrête sur une pochette familière. Je sors l'objet de la pile pour l'examiner. Oui c'est bien lui. Le disque tant convoité. Jessie Buckley et Bernard Butler, nice to see you. La cible de ce record store tour est atteinte. Premier magasin. Premier bac. Jackpot.
Evidemment, je ne m'arrête pas en si bon chemin. Les premiers albums de Bloc Party et The 1975 me font de l'œil mais ce n'est que le début et, au pire, je pourrais revenir les cueillir plus tard. Finalement, devant le bac consacré aux Smiths, je me dis que ce serait cool de trouver un de leurs albums ici, sur leurs terres anglaises. C'est à ce moment qu'un client vient redéposer The Queen is dead dans le bac. Une petite conversation s'engage. Je lui dit que cet album est mon préféré du groupe et que la chanson Bigmouth Strikes Again jouait dans les clubs en France jusque dans les années 90. Le jeune homme (probablement la moitié de mon âge) s'y connait. Ca me rappelle aussi que la culture musicale, et rock en particulier, est à un autre niveau ici. Une fois le disque remis à sa place dans le rayon, je comprends que je ne peux pas repartir sans ce joyau de la couronne.
Une boutique et déjà deux galettes barrées de ma wantlist (chaque collectionneur a une liste avec les disques qu'il recherche plus ou moins activement). Après un passage dans le magasin voisin Across the Tracks (un endroit dans son jus avec une belle sélection de classiques rock et blues et quelques pressages originaux aguichants avec notamment un sympathique Definitely Maybe d"Oasis), direction un des centres commerciaux du centre-ville pour se réchauffer un peu et se ravitailler. C'est ici qu'on tombe de manière fortuite sur l'enseigne HMV SHOP. Noyée entre les magasins de vêtements et les bijouteries, la vitrine propose livres, jouets et aussi quelques vinyles. Bon après tout, on peut jeter un œil.
Les premiers rayons proposent effectivement des disques et des DVD. Des t-shirts, des affiches aux licences officielles comme DC ou Marvel. Le regard se perd un peu quand au fond du magasin, je découvre des rayons entiers de disques. Des kilomètres de bandes originales de films, rap, rock, coffrets, etc. Dans quoi je viens de mettre les pieds ? Le genre d'endroit dans lequel le temps s'arrête. Encore plus quand je découvre leurs offres comme 3 disques neufs pour 55 livres (environ 90 dollars canadiens ou 60 euros). On n'est pas sorti du sable. Choisir c'est renoncer. Le rayon B.O est incroyable avec du James Bond en veux tu en voilà ou encore l'excellente bande-son du documentaire Summer of Soul. Finalement, mon choix se porte sur les premiers albums de Bloc Party et de The 1975 que je venais de voir plus tôt chez RESIDENT. Sauf qu'ci, avec le Pet Sounds des Beach Boys, je fais une vraie bonne affaire. Je pourrais facilement trouver 3 autres disques pour 55 pounds mais cette visite de Brighton est loin d'être finie. Je décide d'être patient et raisonnable.
Avant de quitter cet endroit du diable, je jette un dernier œil à un groupe Anglais pas simple à trouver au Canada, les excellents Suede. Leur premier album paru en 1993 a été réédité l'an dernier et il devrait en être de même cette année pour leur chef d'œuvre Dog Man Star. Sorti en 1994, cet album est définitivement dans mon Top 10 (qui contient plus ou mois 15 à 20 albums) mais est soit introuvable soit trop cher. La chance de le trouver ici est donc quasi-nulle. Et pourtant. le voici, m'attendant sagement dans son rayon attitré. La version 2 disques de chez Demon Records que je vois passer parfois à des tarifs à 3 chiffres. Ici maintenant dans mes mains pour un tarif standard, Décidemment, ce voyage me réserve bien des surprises.
Apres de telles trouvailles, je me dis que ma quête est déjà un succès. Il ne me reste plus qu'à visiter THE RECORD ALBUM, le disquaire le plus ancien de Brighton. Il est surtout réputé pour les bandes originales de films et des pressages originaux de classiques rock et jazz. La boutique est petite mais bien organisée, Ca sent la passion et l'authenticité. Le genre de boutique dans laquelle je peux passer 3 heures sans respirer. Signe que le propriétaire sait recevoir : il y a un minuscule tabouret pour fouiller dans les bacs à terre sans se casser les genoux et le dos. Bienvenue au paradis.
Je n'ai pas beaucoup de soundtracks (bandes originales) sur ma liste. Mais j'ai beaucoup de films cultes dans la vie. Les rayons sont tellement bien agencés que c'est impossible de résister. Je vois beaucoup de James Bond originaux. Beaucoup de B.O. très recherchées comme les Retour vers le futur ou des Schwarzy des années 80 et 90. Et puis je tombe sur la bande originale du Secret de la Planète des Singes, soit le second film de la série de cinq parus entre 1968 et 1973. Pour moi, cela reste la plus grande saga de science-fiction jamais réalisée. Chef d'œuvre absolu du cinéma d'anticipation. Mais ce second volet est le moins réussi de tous. Charlton Heston y fait une apparition (après avoir crevé l'écran dans le premier film) mais ce film est barré, convenons en. Mais c'est déjà un petit exploit de tomber sur un tel disque, pas rare mais jamais simple à trouver. la probabilité que je trouve la B.O. du premier film La planète des singes, (l'original de 1968 avec cette scène de fin iconique sur la plage) est encore plus faible que je ne tombe sur le disque de Butler et Buckley dès le premier disquaire ou que je ne trouve Dog Man Star chez une grande enseigne de produits de loisirs. Vous me voyez venir ?
Jamais totalement rassasié, je trouve encore un peu d'énergie pour me contorsionner chez SNOOPERS PARADISE (immense bazar avec des vinyles un peu partout) et CULT HERO (des disques neufs uniquement mais avec un beau choix d'affiches autour du cinéma et de la musique). Ce périple musical se termine chez DEPARTMENT, un magasin de seconde main entre meubles, vaisselle et disques. J'avoue qu'en entrant dans la boutique, je ne m'imagine pas forcément trouver des pépites, La pèche a été plus que fructueuse et je n'ai pas d'attente particulière. Mais je ne rate jamais une occasion de digger, de fouiller dans des bacs de disques.
La beauté d'une collection, c'est de trouver ce que l'on cherche mais aussi et surtout ce que l'on ne cherche pas, Je n'ai jamais écouté Lament de Ultravox en intégralité mais je sais que cet album phare du mouvement new-wave des années 80 contient une chanson incroyable, Dancing with tears in my eyes. Passée la surprise de voir ce disque dans une friperie à un prix imbattable et en parfait état, je réalise que la visite en valait la peine.
Cette tournée des disquaires de Brighton m'a fait aller de surprise en découverte. Un ravissement pour l'amoureux de musique que je suis. Quand je déniche enfin une réédition de 1971 de Birth of the cool de Miles Davis (une compilation des premiers enregistrements du maitre entre 1949 et 1950) dans ce même magasin, je me sens chanceux. Et je songe sérieusement à prendre un ticket de loterie. Mais surtout, je sais que, au moment de poser un de ces disques sur la platine, je me souviendrais du jour ou de l'endroit dans lequel je l'ai déniché. Ce petit trésor. Ce grand souvenir.
Pour les curieux, comme d'habitude je mettrais des liens d'écoute en commentaires de ma publication Facebook.
Jessie Buckley et Bernard Butler - For all our days that tear the heart (2022)
The Smiths - The Queen is dead (1986)
Bloc Party - Silent alarm (2005)
The 1975 - The 1975 (2013)
The Beach Boys - Pet Sounds (1966)
Suede - Dog Man Star (1994)
La planète des singes - bande originale du film (1968)
Miles Davis - Birth of cool (1957)
Ultravox - Lament (1984)
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