Sur grand ou petit écran, la musique n'est pas là pour faire de la figuration. Elle peut même parfois se retrouver au centre du projet cinématographique et endosser le premier rôle.
Ce n'est pas la réponse la plus évidente mais quand je pense aux musiques de films emblématiques, je cite souvent La planète des singes réalisée par Franklin Schaffner en 1968 et sa bande originale signée Jerry Goldsmith. Avec ses notes expérimentales et psychédéliques qui la rendent parfois un peu inaccessible voir inaudible pour certains, c'est pourtant le plus beau modèle du genre. Chaque moment de tension est parfaitement illustré par les trouvailles techniques de Goldsmith. Ce dernier ne veut pas utiliser de musique électronique. Il utilise un Echoplex pour enregistrer certains instruments et les rediffuser avec un écho différé. Le compositeur demande aux joueurs de cor de souffler à l'envers dans le bec de leur instrument ou encore aux percussionnistes de gratter des gongs avec des triangles. Une ingéniosité reconnue par ses pairs qui le nommeront pour l'Oscar de la Meilleure Musique de Film en 1969.
Deux salles, deux ambiances. Dans le cas des Gardiens de la Galaxie (sorti en 2014), la bande originale est une compilation de titres vieux de 40 ans ou plus. La mère du héros, avant de mourir, offre à son fils une cassette sur laquelle elle a compilé ses morceaux préférés. Tous ces titres vont colorer le film Marvel en misant par exemple sur le décalage entre une situation périlleuse et une musique entrainante. L'album, sorti sous le titre Awesome Mix Vol.1, a connu un énorme succès commercial. Il a aussi le mérite de remettre en lumière des artistes un peu oubliés comme Redbone ou Blue Swede à coté de poids lourds comme les Jackson 5 ou Marvin Gaye.
Le cinéma est un prétexte pour composer. C'est Alexandre Astier qui le dit. Avec le très attendu film Kaamelott, le réalisateur et compositeur s'en est donné à cœur joie. Si certains ont qualifié le film de bavard, c'est surtout la bande-son qui se trouve être l'héroïne inattendue de ce premier volet. La musique est enregistrée en quelques jours avec l'Orchestre national de Lyon à l'auditorium Maurice-Ravel, sous la direction du chef allemand Frank Strobel. En pleine pandémie, le projet prend plus de temps que prévu. Et Astier décide de finaliser le montage du film en fonction de la musique enregistrée, à l'inverse de ce qui se fait d'habitude. Pour un résultat épique à la hauteur de la légende Arthurienne.
Récemment, j'ai comblé une lacune en regardant pour la toute première fois La fièvre du samedi soir. Il m'en aura fallu du temps pour voir John Travolta se déhancher avec talent sur les pistes de danse et faire tomber les filles les unes après les autres. Voila. Fin de l'histoire et du synopsis épais comme une feuille A4. Heureusement, l'intérêt du film repose ailleurs que dans son scenario. Composée en grande partie par les Bee Gees, la bande originale est tout bonnement une des meilleures de tous les temps. Cet album, écoulé à plus de 40 millions d'exemplaires, regorge de tubes imparables. Essayez de ne pas secouer la tête sur Night Fever, More than a woman ou Stayin alive. Ne cherchez pas plus loin l'exemple de la BO qui sauve son film.
Enfin, impossible d'évoquer les musiques de films sans évoquer un maitre du genre. Ennio Morricone, avec plus de 500 musiques pour le cinéma et la télévision, est sans conteste un des compositeurs les plus prolifiques de l'histoire. Parmi ses musiques les plus connues figurent celles réalisées pour les films Pour une poignée de dollars, Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois dans l'Ouest, Il était une fois en Amérique, Le Professionnel et Les Incorruptibles. En 2007, il est récompensé par un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Six fois nommé pour l'Oscar de la meilleure musique de film, il remporte une seule fois cette récompense en 2016 à l'âge de 87 ans pour le film Les Huit Salopards de Quentin Tarantino.
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