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  • Photo du rédacteurBenjamin Bertrand

Pearl Jam - Ten (1991)


Juste à coté de la comète Nirvana, les années 90 voient éclore une supernova dans le ciel grunge déjà bien fourni en étoiles filantes. Mais à l'inverse de la bande à Cobain, celle d'Eddie Vedder continue de briller en 2019.



A l'heure d'écrire sur un album parmi la dizaine du groupe, je voulais d'abord jaser de "Vs", le second disque de PEARL JAM mais le premier tombé dans mes oreilles il y a "quelques années". Je vous parle d'un temps où il y avait encore un disquaire rock à Longwy, petite bourgade de mon adolescence Lorraine. Une échoppe où on pouvait commander des galettes en import introuvables ou presque en France et ressortir fièrement quelques jours plus tard, son précieux enregistrement sous le bras. Mais je m'égare et je décide finalement de commencer par le commencement avec TEN. Un coup d'essai pour un coup de maître. Voici un disque qui dit ce que sera PEARL JAM mais aussi ce sur quoi il ne transigera jamais. Les gros riffs de guitare, l'amour inconditionnel du Rock et du Blues et un engagement sans calcul ni faille.



Née sur les cendres du groupe de Seattle MOTHER LOVE BONE, l'histoire de la création de PEARL JAM appartient déjà à la légende du Rock n Roll. En 1990, les guitaristes Mike Mc Cready et Stone Gossard et le bassiste Jeff Ament commencent à travailler sur des ébauches de morceaux. Une cassette des démos tombe dans les mains d'Eddie Vedder, chanteur, surfeur et pompiste à l'occasion, à plusieurs milliers de kilomètres d'eux, qui leur renvoie la bande avec des paroles enregistrées par-dessus. Les musiciens sont de suite emballés et enrôlent le chanteur en une semaine. De l'enregistrement de TEMPLE OF THE DOG (groupe éphémère s'il en est et son titre avec Chris Cornell "Hunger strike") aux premiers concerts sous le nom de MOOKIE BLAYLOCK (du nom d'un basketteur NBA, Ament et Vedder notamment étant de grands amateurs de ce sport), la fusée PEARL JAM est lancée.


L'enregistrement du premier album a lieu à Seattle au début de l'année 91. Le groupe choisit finalement TEN comme titre d'album toujours en référence à Blaylock et son numéro de maillot. Sorti le 27 août 1991, le disque connait des débuts timides. Mais porté par des titres qui sont devenus depuis des classiques rock tels que "Alive" ou "Even flow", TEN va peu à peu trouver son public. L'actualité américaine va aussi malheureusement éclairer de manière totalement inattendue le lancement du groupe. A un moment où les tueries dans les écoles US font la une des journaux, la chanson "Jeremy" et son clip prémonitoire inspiré d'une histoire vraie (un enfant paria qui se donne la mort en classe devant ses camarades) trouvent un écho particulier dans la société yankee et même au-delà.



PEARL JAM est un groupe de son temps, le témoin de ce qui part en brioche mais aussi de ce qui peut encore changer. Le groupe, contrairement à NIRVANA et son sens certain de l'auto-destruction, refuse de perdre totalement pied. Oui bien sûr des titres comme "Black" ou "Jeremy" posent plus de questions qu'elles n'amènent de réponses. Elles interrogent et elles dérangent même, si on prend le temps de lire les paroles. Elles parlent à chacun car elles nous renvoient à ce qu'on voudrait cacher ou oublier. Mais bon sang que c'est beau.


Pas une des chansons de TEN ne fait redescendre le thermostat. Cette tension, maculée de rage contenue dans la voix unique d'Eddie Vedder, est omniprésente jusqu'à la dernière note. Tantôt l'énergie, tantôt le désespoir. Et ce cocktail se retrouve aussi sur scène. PEARL JAM défend évidemment son bébé à grand coup de concerts qui sont eux aussi rentrés dans la légende. Le groupe propose des sets énergiques, au point même d'épuiser plusieurs batteurs en chemin. Chaque sortie est scrutée, attendue. La réputation de bête de scène de PEARL JAM dépasse rapidement les frontières américaines. L’Europe notamment accueille le groupe à bras ouverts dans ses festivals.



Comme concert entré au panthéon des performances spatiales, le set (à peine une heure en plein après-midi) du festival Pinkpop en 1992 se pose là. Un grand merci à Youtube pour nous permettre d'en prendre plein les esgourdes plus de 25 ans après. L'occasion pour le monde de découvrir la passion d'Eddie Vedder pour le "stage diving" ou le plongeon dans la foule en bon gaulois. Et si possible du point le plus haut possible. Une pratique qui fera souvent craindre pour la vie du chanteur et à juste titre quand on constate la hauteur de certains plongeons.


Pour un premier disque, TEN met dans le mille. C'est une sorte de piqûre de rappel blues et rock, avec une noisette de funk, comme cette ligne de basse diabolique sur "Even Flow" signée Jeff Ament. Le groupe, nourri aux Who et à Neil Young entre autres, propose un album intemporel. Moins punk que Nirvana ou psychédélique que Soundgarden mais tout aussi subversif. Le talent d'écriture et de mélodiste du groupe va aussi éclater à la face du public lors du concert acoustique MTV Unplugged enregistré à New York en 1992. Délesté de son mur du son, PEARL JAM va livrer une prestation brillante et habitée. Un numéro d'équilibriste et une leçon d'interprétation de la part d'Eddie Vedder. Même si le groupe est relativement jeune à ce moment précis, on peut sentir que l'alchimie va les emmener plus loin. Mention spéciale à "Porch", titre survitaminé qui est peut-être encore plus fort en acoustique. Eddie Vedder trouve là encore le moyen de jouer au funambule en surfant sur son tabouret, le tout chaussé de Air Jordan 6 Black Infrared. Quand je vous dis que le bonhomme a tout compris.



Si le groupe a souvent pris des positions et des engagements allant parfois même à contre-courant de l'industrie musicale (entre conflit avec Ticketmaster, le principal revendeur de tickets de concerts, au sujet des prix des billets jugés trop élevés par le groupe ou encore le refus de faire des vidéos pendant de nombreuses années), il a toujours résisté à l'implosion. PEARL JAM peut se targuer d'être un des rares grands groupes (le seul ?) né dans les années 90 et qui est toujours composé de tous ses membres fondateurs.


Les deux albums suivants du groupe "Vs" (1993) et "Vitalogy" (1994) ne feront que conforter le succès de PEARL JAM pour les asseoir définitivement à la table des maîtres. Non sans difficultés et en perdant quelques amis en route, Eddie Vedder et les siens vont accepter leur statut d'icone du Rock, sans en rajouter et en contrôlant leur discographie et leur agenda. Un succès construit dans le temps. Un luxe que seuls les plus grands peuvent encore se payer. Et ce n'est pas l'annonce récente du retour en studio du groupe qui fera baisser la température.





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