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  • Photo du rédacteurBenjamin Bertrand

Tommy Emmanuel - 7 septembre 2018 - Montréal


Le roi du fingerpicking était en escale Montréalaise pour dispenser la bonne parole. Et quand le virtuose Australien est sur scène, on l'écoute. Et on en redemande.



Pour être honnête, avant d'écrire ici et de le voir en concert, je connaissais assez peu le personnage. Tommy Emmanuel était surtout ce gars très très écœurant (de talent) qui revenait souvent sur une foule de suggestions youtube quand le guitariste du dimanche que je suis cherchais "delta blues lesson with tab please because I want to learn fast but easy with tuto thanks". Oui je sais c'est un peu long comme nom de recherche... Sa technique unique (cette manière de marquer le rythme avec sa main droite) et une carrière jalonnée de nombreuses récompenses lui confèrent une place au sommet de l'Olympe des bluesmen contemporains, au même titre que Chet Atkins ou Eric Clapton.


Mais plus qu'un énième prodige du blues acoustique, Mr Emmanuel est un touche à tout. Adepte des mash-up et des hommages, il peut incorporer au calme un extrait de Beatles au beau milieu d'une pièce de dix minutes totalement improvisée. Jazz, classique, rock, rien ne lui résiste. C'est aussi et surtout un technicien incroyable qui ne sacrifie rien à l'émotion. Car c'est parfois là que le bas blesse chez certains allumés de la six cordes. Beaucoup de virtuosité, de rapidité sur le manche au dépend de l'humeur, du feeling. Le blues a cette beauté si particulière qu'une note qu'on laisse sonner vous mettra les poils au garde à vous tout aussi bien qu'un solo dégueulé à la vitesse de la lumière. La musique se cache aussi parfois entre deux notes, dans le quasi-silence.


Tommy Emmanuel à l'Olympia de Montréal le 8 septembre dernier.


En guise de mise en bouche et de première partie, Clive Carroll fait beaucoup plus qu'assurer. L'Anglais aime plaisanter avec l'auditoire et désacralise un peu le moment. Et ça fait du bien. Les concerts instrumentaux ont parfois un air de messe. Mais pas ce soir. Surtout pas avec l'humour "so british" de Carroll. Le genre d'ouverture qui te fait bondir de ton siège et qui te fait saliver quand à la suite du show. C'est détendu. Le public est réceptif, attentif. Respectueux. Pas de douchebag qui débarque avec des nachos et des bières pour ses cinq potes en faisant lever toute une rangée. No Sir. Une ouverture au parfum celte, avec quelques senteurs ibériques. Clive Carroll : gratteux certifié.


Le temps d'un entracte (un poil long mais c'est qu'on est impatient aussi) et Tommy Emmanuel apparaît sobrement sur la scène de l'Olympia. Pas le temps de niaiser. Il démarre pied au plancher avec plusieurs morceaux enlevés, dont "Blood brother". L'exemple type du morceau qui parait "simple", accessible avec un riff principal, façon ritournelle blues hypnotique. Mais bourré de tiroirs à double fond et de passages incroyablement complexes, le tout servi sur des tempos d'extra-terrestre.



En bon showman qu'il est, Tommy Emmanuel exploite chaque partie de sa guitare pour en tirer le meilleur. D'arpège en percussion, l'Australien est écœurant de talent et de dextérité. A la manière d'un illusionniste, il nous agace. On voudrait comprendre le truc, capter l'astuce. Mais rien n'y fait. Ce type n'est pas humain. Ou plutôt si. Tellement humain. Et plutôt bon chanteur. C'est une facette moins connue (le plus souvent il invite des interprètes pour l'accompagner) mais Tommy a une belle voix basse et légèrement éraillée qui colle parfaitement avec sa musique.


De "Deep river blues" à "Windy and warm" en passant par des impros sorties de nulle part, Tommy Emmanuel est tout sourire et diablement communicatif. On pousse des "woow", des "quoi?..." et des "pfff" devant ce magicien du delta qui élève le niveau à chaque titre. Jeter son capodastre au beau milieu d'un morceau ? Pas de problème. Se ré-accorder en revisitant la gamme pentatonique ? Et alors ? On se demande même si parfois ils ne sont pas plusieurs à jouer derrière lui. Mais pas de tour de passe-passe. Juste le talent du bonhomme et des milliers d'heures à saigner sur ses grattes pour nous livrer un concert vitaminé et supersonique.


Un bref aperçu du talent de Mr Tommy Emmanuel.


Pour le rappel, Tommy Emmanuel invite Clive Carroll à le rejoindre pour ce qui ressemble au début à une sorte de duel amical. Un clash de la six cordes. Une battle acajou Vs érable. Mais en fait, les deux guitares se parlent, se répondent presque. Les deux musiciens ont déjà collaboré sur plusieurs disques et sont visiblement connectés. Emmanuel cite d'ailleurs un des albums de Carroll, "The red guitar", comme une de ses références. L'admiration mutuelle est évidente et on partage leur bonheur de jouer ensemble.


Un feu d'artifice du delta blues et du jazz manouche vient ponctuer ce set incroyable. Public debout. Musiciens hilares. Fermez le ban. Dans les coulisses, j'imagine les deux complices avec les doigts en feu et des crampes plein les bras. Un seau de glace et ça repart. On the road again.




16 vues1 commentaire

1 komentarz


carokern
27 wrz 2018

très vrai, impressionnant! moi j’ai crû voir + que 5 doigts par main...

je ne vois pas d’autres explications!

Polub
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